On ne se contente pas de regarder un film ou une série, on en parle passionnément, on débat tendrement, on s'écharpe élégamment...
en somme, c'est simple : on crève l'écran.
Tartine : Une fois n'est pas coutume, je vais évoquer 2 séries vraiment moyennes, toutes les deux sur le thème du fantastique...
Tout d'abord, Helix : une équipe de scientifiques enquête sur une redoutable maladie dans un
centre de recherche en Arctique. La survie de l'humanité est entre leurs
mains...
Une vraie déception. Située dans un sillage proche de X-Files, la série ne parvient jamais à passionner (à commencer par son héros ennuyeux et les deux femmes qui lui gravitent autour, et qu'on n'arrive pas à distinguer l'une de l'autre). Scénario déjà vu, interprétation fade, rebondissements attendus, personnages caricaturaux... Mention très passable, quoi...
Ensuite, The Strain : lorsqu'un Boeing 777 atterrit à l'aéroport new yorkais JFK sans qu'aucun
signe de vie n'en émane, Eph Goodweather, un scientifique spécialisé
dans les épidémies et les attaques biologiques, est dépêché sur les
lieux. A l'intérieur de l'avion, il découvre que tous les passagers, sauf 4, sont
morts, probablement tués par un étrange virus...
Adapté des romans de Guillermo del Toro et Chuck Hogan, La Lignée. On pense encore et toujours à X-Files, avec une histoire de vampires. Le suspense est mieux dosé que dans Helix, mais le pilote est interminable, le second épisode pas palpitant non plus et le héros, encore une fois, bien palot... Mention moyenne...
Jeannine : Sale temps pour les séries fantastiques ?
Tartine : Sais pas. Mais je n'ai pas terminé la première et je ne sais pas si je continue la deuxième... Mais du coup, je ne conseille ni l'une, ni l'autre...
Jeannine : Tiens, il y a oncle Erneste qui demande si Scarlett est dans l'une ou l'autre des séries...
Oncle Erneste : T’as que ça à faire en été,
t’enfermer dans une salle ? Tu peux pas aller draguer des filles au bord
du plan d’eau comme tout le monde ?
S. : Non j’en ai pas envie tonton, il est nul ce
plan d’eau ! Et puis, dans le 1er film que j’ai vu, c’était
Scarlett Johansson l’actrice principale..
O.E. : Ah, ‘scuse fiston, je savais pas. Et elle
fait quoi Scarlett dans le film ?
S. : Eh bien elle joue une extraterrestre qui
débarque en Ecosse, attire des hommes dans un liquide noir pour les faire
disparaître.
O.E. : Tu fais comme les autres jeunes en fait, tu
prends de la coke !
S. : Mais non tonton, je sais, c’est un peu étrange
mais c’est la réalité... du film. J’ai trouvé ce film visuellement
époustouflant. Tout le film est traversé par deux esthétiques opposées sur le
papier, mais complémentaires à l’écran : l’abstraction des effets visuels
d’une part (on pense à Kubrick époque 2001 odyssée de l’espace) et l’hyper réel
d’autre part, avec des plans tournés façon caméra cachée, dans la rue.
Les éléments naturels occupent une grande place dans ces
plans baignés d’une lumière sombre : il pleut, il vente, il neige
beaucoup. Les dialogues sont très rares et l’étrangeté, l’angoisse du film
gagne peu à peu le spectateur, grâce notamment à une bande-son parfaite.
Tout n’est pas que prétexte à une débauche de trouvailles
visuelles. Ce pourrait être le cas venant d’un réalisateur qui a réalisé pas mal de clips. On est littéralement embarqué dans le voyage initiatique de cette
extraterrestre qui va découvrir le trouble en côtoyant l’humanité. C’est un
trip halluciné, une expérience physique comme seul le cinéma peut en procurer.
O.E. : Ok. Mais Scarlett, elle...
S. : Oui on la voit nue à plusieurs reprises tonton. O.E. : Ah mais c’est pas ce que je voulais dire ! T’as vraiment
l’esprit mal placé fiston, je voulais juste savoir si elle meurt à la fin.
S. : Ahah. Pardon. Evidemment... que je ne le dirai pas.
Parlons plutôt de l’autre très bon film que je vous
recommande, « Black Coal ».
O.E. : Le pitch, fiston, le PITCH !
S. : Ok tonton, je vois que tu as bien intégré ce
nouveau terme, le voici :
« En 1999, un employé d’une carrière minière est
assassiné et son corps dispersé aux quatre coins de la Mandchourie.
L’inspecteur Zhang mène l’enquête, mais doit rapidement abandonner après avoir
été blessé lors de l’interpellation des principaux suspects. »
O.E. : Ah mais ça se passe en Chine ?
S. : Oui tonton, mais je ne vois pas où est le
problème ? Tous les critiques évoquaient un film très complexe, avec des
intrigues à tiroir, etc. Alors certes, il faut s’accrocher un peu, mais il n’y
a aucun souci pour comprendre la trame de ce polar somme toute assez classique.
Le réalisateur a dit s’être inspiré du « Faucon Maltais ». Je suis
moi-même un grand fan de films noirs et notamment de celui-ci, on pense
également au « Grand Sommeil ».
Les plans sont d’une grande beauté, les acteurs sont très convaincants et
l’intrigue est intéressante mais ce n’est pas tout : ce polar respecte
tous les codes classiques du genre mais déborde également du cadre.
Contrairement à Jia Zhang-ke
qui s’intéressait de manière grandiose aux dérives d’un système capitaliste
chinois dans a Touch of sin, Yi’nan Diao se focalise quant à lui sur le caractère
humain de ces dérives, son absurdité. Même si l’histoire n’est pas réelle, le
réalisateur a précisé dans une interview qu’ « il se passe
beaucoup de choses en Chine aujourd’hui, des histoires parfois si absurdes qu’il est difficile d’imaginer qu’elles
soient vraies, des faits auxquels vous auriez du mal à croire dans
un film ou dans un livre ».
O.E. : Ca je veux bien le croire !
S. : Le film s’attache aux détails et capte ainsi l’essentiel.
La violence est crûe, les lumières nous éblouissent, la froideur est
perceptible, on entend les pas : plus qu’un cinéma réaliste, c’est un
cinéma du réel. A la vue de ces deux films (je parle ici de Touch of sin et de
Black Coal), j’ai parfois pensé à des écrivains russes.
Allez savoir pourquoi...
O.E. : Bon, je vais essayer de le voir.
S. : Black Coal ?!
O.E. : Mais non abruti, le film avec Scarlett. Ca
a l’air bizarre, mais bon, ta tante aussi était un peu perchée quand je l’ai
rencontrée, et pourtant... je me souviens encore, après le concert, dans la
Simca...
S. : Stop, je dois y aller, j’ai un rendez-vous avec la mutuelle, à plus
tard tonton !