vendredi 6 avril 2018

Séries de printemps



Petit topo sur ce que j’ai vu récemment en matière de séries télé, et plus précisément de mini série...

Godless *****



L’Ouest américain des années 1880. Roy Goode, fils spirituel du hors-la-loi Frank Griffin, trahit son « père » et sa bande. Car Roy ne se reconnaît plus dans les méthodes de Frank. Traqué, il se réfugie au Nouveau-Mexique, à La Belle, une ville dont la quasi-totalité des hommes a disparu dans l’explosion de la mine attenante, laissant aux veuves et aux quelques hommes qui restent le soin de la diriger et surtout de la protéger…

Un hors-la-loi mystique et sa bande semant la terreur, un fugitif devenu son ennemi, un shérif au grand cœur, des Indiens, d’anciens esclaves, des femmes toutes plus indépendantes les unes que les autres : voici le cadre du western en 7 parties conçu par le scénariste Scott Frank. Et effectivement, rarement un western aura autant été conjugué au féminin.

La série –produite par Steven Soderbergh- est esthétiquement magnifique, bénéficiant d’une photographie incroyable, captant toute la beauté et l’immensité sauvage du Nouveau Mexique (les plans, c’est juste waw !). La photo donc, mais aussi le scénario, la bande originale, la réalisation, le casting, les personnages : tout est absolument ultra soigné et brillant. On voit que Scott Frank (scénariste et réalisateur) a peaufiné Godless de bout en bout. La série, avec ses accents féministes, à contrecourant du western basique et de sa misogynie, est mon grand coup de cœur cette année !

Le seul point négatif, c’est qu’on en aurait bien repris pour quelques épisodes, histoires d’approfondir certains personnages (comme celui de Bill, le shérif ou de la battante Marie-Agnès).

"Welcome to no man’s land" dit l'affiche. Ici, ce sont les filles qui dézinguent !



 The Terror *****



Il s’agit une minisérie (en 10 parties) britannique, produite par Mr Ridley Scott (quand même !) et adaptée du roman de Dan Simmons -inspiré lui même d'une histoire vraie-, dont voici le pitch :

En 1847, la Marine Royale britannique entreprend une périlleuse mission : découvrir le passage du Nord. Forcé de prendre le commandement, le capitaine Francis Crozier devra gérer le froid glacial, les menaces de mutinerie, le manque de nourriture ainsi qu'une menace bien pire encore...

La série prend comme point de départ l’histoire vraie de deux bateaux disparus en mer (The Erebus et The Terror). Elle pose dès le pilote -intense et oppressant- les bases d’une histoire humaine confrontée aux éléments (les bateaux sont pris dans la glace) et au surnaturel (?).

Chaque épisode amplifie le mystère et l'escalade vers l'angoisse. La reconstitution historique est hyper soignée et l'interprétation exceptionnelle : on est chez les anglais quand même, les meilleurs acteurs du monde (la série est menée par Jared Harris, Tobias Menzies et Ciaran Hinds). On a un peu de Lost ici, et aussi de The Thing. Et c'est super bien (et terrible, dans tous les sens du terme)…




Waco ***



Celle-ci (en 6 parties), je l'ai vue à la base pour Michael Shannon. Je dois avouer qu'au final, c'est surtout Taylor Kitsch (John Carter, le film, pas le gars d'Urgences), qui lui vole la vedette, dans le rôle du prêcheur David Koresh.

Au mois de février 1993, l'ATF (le Bureau fédéral des alcools, tabacs, armes à feu et explosifs), dépendant du ministère de la Justice des États-Unis sous la Présidence de Clinton, livre une première attaque contre la petite communauté de Waco, au Texas qui se procure illégalement tout un arsenal d'armes. Menés par leur leader David Koresh, Les Davidians, comme se surnomment les membres de la secte, se retranchent dans leur propriété durant un siège de 51 jours qui s'achève par un assaut meurtrier du FBI. 

Si les deux premiers épisodes posent les bases de l'intrigue, tout s'accélère à partir de l'épisode 3 avec le début de l'assaut du FBI.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser au départ, on ne connaît pas vraiment l'histoire (enfin, perso, je n'en avais que quelques bribes).

Se basant intelligemment sur deux livres distincts de deux témoins des camps adverses (d'un côté le négociateur du FBI et de l'autre un survivant de la secte), la série s'efforce de ne pas tomber dans un affrontement "gentils policiers" contre "méchants psychopathes". Le récit, clinique, analyse les circonstances du drame, en éclairant le spectateur sur les agissements des deux parties. Un excellent ouvrage. A regarder avec un esprit critique quand même.


Requiem ***


Matilda Gray, jeune violoncelliste primée, est décidée à élucider le mystère qui a conduit sa mère à se suicider. Le sombre voyage vers la vérité de Matilda commence par la découverte d'une affaire de disparition qui lie sa mère à une enfant dans un village du Pays de Galles…

Cette série britannique glaçante en 6 parties est particulièrement réussie. Matilda –pour qui on est rapidement dans l’empathie- est embarquée dans une histoire qui la dépasse. Au cœur d'un village -qui pourrait aussi bien être celui d’un épisode d’Hercule Poirot- à l’ambiance lourde et flippante, Matilda va voir émerger de sombres secrets...

La mise en scène et la mécanique de chaque épisode sont parfaitement huilées, le fantastique pointant le bout de son nez de manière très discrète. C’est une très chouette découverte. Comme la découverte de son interprète principale, la comédienne Lydia Wilson, absolument parfaite.





Le Miniaturiste **



Le Miniaturiste, mini-série en 2 parties, est l'adaptation du roman éponyme de Jessie Burton. Nous sommes aux Pays-Bas en 1686. Suite à un mariage arrangé, Nella Oortman (Anya Taylor-Joy, Split et The Witch), 18 ans, quitte son village de campagne pour rejoindre son époux à Amsterdam. Son mari est Johannes Brandt, un riche marchand à l'opulente demeure. Il vit avec sa soeur Marin, qui accueille sa belle-soeur avec grande froideur. Chose commune à l’époque, Nella reçoit en cadeau une maison de poupées représentant l’intérieur de sa nouvelle demeure, symboles du statut social. Nella décide de faire appel à un miniaturiste pour animer l’objet.C’est là que tout se complique, car les pièces qu’elle commence à recevoir pour remplir sa maison ne sont pas nécessairement celles qu’elle a commandées. À la place, elle se retrouve avec les morceaux d’un puzzle, celui de sa nouvelle existence...

Le spectateur est immédiatement plongé dans un monde fait de faux semblants, dans une ambiance étrange et lourde, toute en clairs obscurs comme cette société rongée par les non-dits et les apparences. Avec au cœur de l'intrigue, le personnage lumineux de Nella : sa fraîcheur, son innocence, mais aussi ses tenues pleines de couleurs qui tranchent avec l'aspect sombre et secret de la maison/ville et de ses habitants.

C'est une jolie adaptation, avec une photo et une interprétation magnifiques (Ana Taylor-Joy est toujours aussi magnétique). Même si le scénario n'est pas des plus aboutis. L'équilibre des épisodes est malheureusement bancal, avec une première partie mystérieuse, lente et pleine de promesses, et un final court et un peu frustrant...




L'Aliéniste *


Adaptation de l'ouvrage de Caleb Carr du même nom, l’intrigue de l’Aliéniste se déroule à New York à la toute fin du 19e siècle. Sous la responsabilité du chef de police Theodore Roosevelt, le spécialiste des maladies mentales Laszlo Kreizler s'intéresse à un impitoyable tueur qui laisse derrière lui les corps mutilés d’enfants, tous de jeunes garçons travestis. Face à l'impassibilité des pouvoirs publics, Kreizler tente d’identifier le responsable de ces meurtres horribles, épaulé par l'illustrateur criminel John Moore et Sara Howard, la première femme à faire son entrée dans l'univers très masculin de la police.

Je n’ai pas lu le roman, donc impossible pour moi de comparer. Je ne peux que faire confiance à ceux qui ont pu expérimenter les deux. Tous sont plutôt d'accord pour dire que le livre est bien supérieur à la série.

Pas fan des histoires de serial killer, j’ai trouvé la série très classique et même conventionnelle. Les 10 épisodes sont longs, répétitifs, mal rythmés, malgré une belle reconstitution historique. Les personnages (interprétés par d’excellents acteurs au demeurant) sont peu intéressants et attachants. Dommage aussi que le groupe d'enquêteurs (ils sont 5 au total) ne fasse pas plus "famille", ce qui aurait pu apporter un peu de chaleur à l'ensemble. Quant à l'aspect psychologique, il n'est que survolé. On sort de là avec un sentiment très mitigé. Si on arrive au bout des 10 épisodes. Parce que dès le pilote, on se rend compte qu’on s’achemine peut être bien vers une déception…




Signé Tartine