vendredi 25 octobre 2013

Pourquoi j'ai aimé Passion (part 2)...

Sol : Chère Tartine, plusieurs questions me taraudent : avons-nous vu le même film? as-tu pris de l'héroïne? pourquoi es-tu aussi méchante que la bouteille Orangina?


Je ne rentrerai malheureusement pas dans le débat sur la filmographie de Brian De Palma, car je n' ai vu que très peu de ses films, et je ne suis pas son plus grand fan. J'avais beaucoup aimé Scarface et Carlito's way à l'époque, mais je crains fort qu'ils aient vieilli, et pas forcément très bien.

Je suis en accord avec une - et une seule - de tes remarques : Rachel McAdams n'est pas à la hauteur. Exceptée cette petite erreur de casting, le film est un pur délice. Le plaisir que j'ai eu à le regarder est sans doute égal à celui du réalisateur qui, de connivence avec le spectateur, joue sans cesse avec lui, comme les actrices jouent entre elles.

La dualité est bien sûr la forme maîtresse du film, mais s'ajoute à elle la pièce manquante du triangle amoureux : l'auteur / les actrices / le spectateur. Toutes les obsessions du réalisateur sont présentes : l'image, l'identité, la manipulation. Tout est manipulation : aux perversités ingénieuses des actrices répond le jeu de dupes du réalisateur, qui sème des fausses pistes, comme autant de clins d'oeil amusés au spectateur.

Toute la virtualité du monde contemporain est présente dans son obsession pour l'image - et sa déformation de la réalité - : téléphone portable, caméras de surveillance, écrans d'ordinateurs... Tout est vu à travers un filtre, potentiellement trompeur. Les plans comportant miroirs et vitres sont légions, et contribuent à cette esthétique que tu appelles tour à tour kitsch, tape à l'oeil, datée, moche et que pour ma part je trouve très réussie.


Si la photographie et la mise en scène sont très hitchcockiennes, De Palma réussit justement à ne pas tomber dans l'hommage stérile. Il réinvente le style du film noir, thriller oppressant au montage ultra-rapide et très efficace. En quelques minutes, l'intrigue est posée, le décor planté.

Puis la tension monte à chaque plan, jusqu'à un final en guise d'apothéose qui illustre parfaitement l'ambition du film : délivrer un pur moment de cinéma, comme un ballet chorégraphié à la perfection par un cinéaste à la précision clinique, scalpel à la main, le sourire aux lèvres.

Bisous Tartine!

vendredi 18 octobre 2013

Pourquoi je n'ai pas aimé Passion (part 1)...

Tartine : au départ, je partais plutôt avec un bon à priori : le nouveau De Palma depuis longtemps absent, une relation féminine ambigüe, la magnifique Noomi Rapace…

A l’arrivée, le film m’a plutôt fait l’effet d’un pétard mouillé. Tout ça pour ça devrais-je dire…

Au fait, le sujet : deux femmes se livrent à un jeu de manipulation pervers au sein d'une multinationale. Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant sur Isabelle pour l'entraîner dans un jeu de séduction et de manipulation, de domination et de servitude.

Alors que j’imaginais justement "un jeu de séduction" ambivalent et passionné, les relations d’Isabelle et de Christine pourraient plutôt illustrer un téléfilm du samedi soir sur une obscure chaîne de la TNT.

L’histoire est déjà vue et caricaturale : on y voit deux jolies filles un peu bêtes qui s’opposent et qui n’ont pas grand-chose à faire à part porter des tenues très chères et se pavaner 1h30 dans une maison à 15 millions d’euros. Brian de Palma a réalisé des chefs d’œuvres, mais c’était il y a trente ans… C’est vrai qu’après ses deux derniers opus, absolument catastrophiques (Femme Fatale et surtout Le Dahlia Noir !), j’aurais quand même du me méfier…

Dans Passion, il semble tenter de renouer avec les succès qui ont fait sa renommée (je pense surtout à Pulsions, Body Double ou Sisters), mais sans y parvenir. Du tout. 

Même le choix des comédiennes est franchement discutable : j’adore vraiment Noomi Rapace, mais ni elle, ni Rachel McAdams (surtout elle) ne me semblent bien à leur place. C’est vide, c’est lent, sans aucune sensualité. La seule atmosphère dégagée par le film, c’est celle du kitsch. Dans le style du plus pur nanar almodovarien, c’est non seulement ultra tape-à-l’œil, mais en plus ça fait daté.

Passion n’a pas d’intérêt. Le film est pauvre, confus, grandiloquent, artificiel et moche. Et apparemment très en deçà de la version originale française dont il est le remake…

Maintenant, je sais que vous, chers Sol et Fantômette, vous avez aimé... Mais grand Dieu, dîtes-moi pourquoi !? Hein ? Pourquoi ?