samedi 22 février 2014

La Gifle

La Gifle est une série australienne en 8 épisodes, adaptée d’un roman écrit par Christos Tolskias. Elle a été diffusée en 2011 en Australie, et fin 2013 en France, sur Arte.

Sol : De quoi est-il question ? D’une gifle, qui va avoir de nombreuses répercussions. Cette gifle a été donnée par Harry à un enfant qui se nomme Hugo, lors d’un barbecue entre amis. Chaque épisode suit le point de vue d'un des personnages à propos de l'événement et ses conséquences.

Oncle Erneste : Et alors, c’est quoi le problème ? Il l’avait sûrement bien mérité cette gifle le mouflet.

S. : Eh bien justement tonton, tout n’est pas si simple. Toute l’originalité de la série tient au parti pris formel : dans chaque épisode, la caméra ne suit qu’un seul personnage et donne ainsi son point de vue, au sens propre du terme. Le spectateur fait corps avec le personnage suivi. Les réalisateurs témoignent ainsi d’une réelle empathie et d’une réelle intelligence : seuls moyens pour appréhender la complexité des êtres, et de leurs relations.

O. E. : Hum, oui ‘fin bon, dans la vie, il y a ceux qui ont raison et celles qui ont tort, tu m’excuseras. C’est un peu facile de dire que tout le monde a raison, hein.

Sol : En fait, tout le monde n’a pas raison mais, et je citerai une fois de plus Jean Renoir, « chacun a ses raisons ».


O.E. : tu coupes les cheveux en 4 fiston (ou tu … les mouches si tu préfères)

S. : Non, non, je t’assure. Tant de films font l’économie de ces nuances et tombent dans la caricature. Les personnages sont glorifiés (le récent film sur Mandela) ou condamnés (Blue Jasmine, que j’ai plutôt bien aimé par ailleurs), sans qu’ils n’aient d’espace pour exprimer leurs contradictions. Ici, chaque personnage a sa chance. Le spectateur est placé en qualité de témoin, de juré ou de juge. Très vite cependant, on accompagne plutôt qu’on ne juge. Car nous voyons et vivons les circonstances atténuantes des « monstres », nous découvrons les secrets des gens biens sous tous rapports. Tout se complexifie, parfois jusqu’au malaise. Mais c’est l’humanité qui est donnée à voir, pleine de contraires, d’abysses et de rebondissements, belle et rebelle à toute forme de formatage.

O.E. : non mais oh, tu t’es pris pour un poète ou quoi ? Tu peux pas me parler correctement ? Tu peux pas simplement dire qu’en regardant ce truc, t’as pris une claque ?


S. : Joli tonton. C’est exactement cela. J’ai beaucoup aimé, comme vous l’aurez compris, le concept et la série elle-même. Pour les trentenaires, un argument supplémentaire : 2 personnages jouaient dans la série Hartley cœurs à vif, diffusée par France 2 de 1995 à 1999. Saurez-vous retrouver lesquels ?

O.E. : Connais pas, et l’Homme du Picardie, ça te dit rien ?

S. : Non.

Pour conclure, je préciserai que c’est une série dure et réaliste, avec une b.o. un peu trop présente mais agréable et une mise en scène énergique, qui emprunte aux codes du cinéma indépendant américain. On est plongé dans la classe moyenne de la société Australienne, qu’on connaît peu dans l’hexagone.


Et c’est là la force de cette œuvre : raconter l’individu dans son histoire et dans son contexte. On ressent l’influence familiale et sociétale. On voit les rapports de classes et de communautés. On découvre par exemple la communauté grecque d'Australie, avec ses rites et ses codes.

O. E. : et ses …

S. : Je t’arrête tonton, ça va dégénérer.

O.E. : et ses Kremidósoupa. Quoi, j’ai pas le droit de le dire ?

S. : ses quoi ?!

O. E. : ses Kremidósoupa, une soupe à l'oignon servie avec du fromage râpé.

S. : Ah désolé… ça a l’air bon ça tonton.

O. E. : Oh que oui fiston, et ça fait du bien comme une bonne ….




Cette série est disponible sur Médiathèque Numérique, le service vod d’Arte et Universciné. Vous pouvez y accéder gratuitement en passant par votre bibliothèque, si elle est abonnée (ce qui est notre cas).


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire